Montage canne feeder : Étapes et conseils pour une canne performante

Montage canne feeder : Étapes et conseils pour une canne performante

Tout ce que vous devez savoir sur le montage d'une canne feeder. Suivez les étapes détaillées pour assembler votre canne et optimiser ses performances pour la pêche au feeder.

Avec le temps et les passions, il arrive que certains aspects se combinent pour former une merveille ou un monstre. J'avoue ne pas trop savoir lequel des 2 est né. Je sais juste que mon expérience de la pêche au feeder couplée à mon expertise de rodbuilder m'empêche de voir une canne comme elle est et je ne peux plus m'empêcher de l'analyser : qualité des matériaux, du porte-moulinet, des anneaux, de la finition et, surtout, du montage général de l'engin. Et ma conclusion est sans appel : hormis quelques rares exceptions, les cannes feeder sont montées de manière très moyenne ! Je m'explique. Un peu de vocabulaire avant de rentrer dans le vif du sujet :
  • La poignée : la portion basse de la canne qu'on prend en main. Composée de liège, d'EVA, ... elle comprend aussi le porte-moulinet
  • Le porte-moulinet : bon, je suis certain que vous voyez ce que c'est
  • Le blank : c'est le corps de la canne, en carbone et/ou en fibre de verre, ou en bambou, ...
  • Le talon : le plus gros bout d'une canne, sur lequel est montée la poignée
  • Le porte-scion : l'élément sur ou dans lequel vient s'emboîter le scion
  • La recovery : l'aptitude qu'une canne a de redevenir stable et droite après la compression due au lancer. Plus c'est rapide, meilleur c'est !

Qu'est ce qu'une canne feeder ?

Une canne feeder est la fusion (pas toujours) subtile de la sensibilité et de la puissance. Autant dire qu'on marie l'eau et le feu ! En gros et sans trop de subtilités, on peut dire que cette canne est séparée en 2 zones : le scion, qui se charge de détecter les touches, et le talon, qui se charge des lancers plus ou moins lointains. Ma description très manichéenne vous a certainement choqué, à raison. Elle est pourtant bien réelle sur pas mal de productions bâclées, mais il est clair que meilleure est la canne, plus subtile est la transition entre ces 2 zones.

Détecter les touches vs lancer efficacement

On s'accorde toutes et tous à dire que le scion est le mieux placé pour détecter les touches. Afin de le rendre plus sensible, on l'a allongé encore et encore, amenant dans l'équation un petit soucis : augmenter la part du scion, c'est diminuer la part du lancer. En effet, lors d'un lancer, le scion est la partie de la canne qui se déplace le plus rapidement, augmentant de ce fait son inertie. Et cette dernière sera d'autant plus importante que le scion est long, donc lourd, avec comme conséquence que la canne aura tendance à se balancer plus de haut en bas à la fin du lancer, diminuant de ce fait ses performances et augmentant le risque d'emmêlements et de pertes de lignes. Pour les pêches à courte distance, cela ne pose pas vraiment de problème, mais dès que l'effort sur la canne s'accentue, le poids d'un scion plein long devient une contrainte fâcheuse. On pourrait accroître la rigidité de la canne, mais ce serait aux dépens de sa légèreté et de la souplesse nécessaire au travail du poisson. Personne n'a besoin d'une lourde trique (enfin, ça dépend des situations) ! Vous l'aurez compris : pour bien faire, la canne doit retrouver sa stabilité et être droite (recovery) le plus vite possible après la phase de compression du lancer et le poids du scion est le plus grand obstacle à ceci. La solution trouvée pas les constructeurs est de faire des scions partiellement creux, qui limitent donc la part du scion plein et le poids de l'ensemble, le tout en peaufinant cette fondamentale transition entre le souple et le puissant. Les Shimano Aero X7 sont un exemple flamboyant de la réutilisation intelligent du "spliced tip" : dans ce cas, scion et porte-scion ne font plus qu'un. C'est extrême, mais les performances sont exceptionnelles. Middy utilise une version moins intégrée en conservant le porte-scion : c'est le scion qui est "spliced". Dans les 2 cas, on ménage la chèvre et le choux, la sensibilité et la puissance. La seule victime de ceci est votre budget, ces modèles n'étant pas particulièrement donnés ! "Mais c'est affreux ce que tu nous dis, Jeanno, le scion "put-in" de nos cannes feeder bien-aimées serait donc mort !?!?" Ne vous emballez pas comme ça, mes p'tits poulets, la technique simple et efficace du "put-in" n'est pas encore morte, loin de là, car, bien exécutée, elle reste efficace ! En effet, pour moi, l'avenir est dans des scions relativement courts (50-55cm maximum), afin éviter le poids, et des porte-scions assez longs pour assurer une transition sans cassure. Le porte-scion prendra donc en charge une partie de la détection des touches en accompagnant le scion dans son pli, tout en ayant assez de nerf sur la partie basse pour participer au lancer. Une marque comme MS-Range y était très bien arrivé avec sa gamme de cannes Ultra-Light, remarquablement sensibles, mais capables de lancer très loin pour leur puissance (60m+).

Choix et disposition des anneaux - entre but à atteindre et réalité économique

Préambule

S'il y a un point sur lequel on peut dire beaucoup, c'est bien sur le choix et la disposition des anneaux de nos cannes feeder. Je le vois souvent, les marques (je ne dirai pas "fabricants", vu leur rareté en Europe) ont bien compris que c'est un poste sur lequel elles peuvent faire de substantielles économies : ici, on utilisera des anneaux chinois pas chers, mais pas nécessairement mauvais, loin de là (leur soucis est qu'ils sont souvent très lourds) ou, pire, des anneaux full inox, sans céramique, qui s'useront en 2 saisons au mieux, si l'alliage est de bonne qualité. Cette dernière mode s'accompagne d'un marketing douteux, vantant une dureté exceptionnelle, mais qui dans les faits est bien loin d'approcher les céramiques de base des autres anneaux (certains parlent même d'un inox 3 fois plus dur, ce qui est techniquement totalement impossible). On vantera ensuite le diamètre interne plus important sensé diminuer les frictions, avantage largement compensé par le frottement plus important de la ligne sur l'acier (bien moins lisse qu'une céramique) et, enfin, le poids plus léger (mais qui, comparé à de bons anneaux SeaGuide ou Fuji, est un argument qui ne tient pas fort bien la route). Ces anneaux en inox sont surtout tellement peu chers que c'est une aubaine économique pour la marque qui les utilise et pour ... le monteur que je suis, qui les remplace ! Ils sont un retour en arrière de 50 ans, du vintage mal placé. Les cannes montées de la sorte sont vouées à terminer à la poubelle, leur remontage avec de bons anneaux dépassant largement leur valeur neuves. Cela m'attriste dans un monde où l'on devrait chasser le gaspi, plutôt que de l'accroître !

Choix et disposition : une affaire de moulinet et de torsion

Les paragraphes suivants s'appliquent aux cannes feeder, mais aussi, avec quelques adaptations, aux cannes carpes, qui baignent également dans le passé du côté de la répartition des anneaux.

Le moulinet

Il n'est pas du tout bizarre de parler ici de moulinet. Je vais vous livrer mon point de vue de manière directe et sans précaution : arrêtez d'utiliser de petits moulinets au feeder, c'est inutile et même inefficace ! En effet, beaucoup d'entre-nous ont gardé l'habitude des petits moulins pour l'anglaise et la pêche au lancer. Leur poids inférieur rend leur utilisation plus confortable durant une journée de pêche "canne en main". Or, au feeder, on pêche à 95% canne posée, le poids statique du moulinet n'est donc pas un problème. Par contre, le poids du feeder et sa trainée quand on le récupère mettent énormément de pression tant sur la canne que sur le moulinet. De ce fait, la nécessité d'avoir un moulinet coupleux et solide se fait ressentir, excluant de facto tout ce qui est en dessous de la taille 4000. Pour ma part, mes 4000 ne me servent plus que pour les pêches légères et, dans 7 cas sur 10, j'utilise mes Daiwa Feeder 4012 TD, gros comme les 5000 d'autres marques et qui possèdent une puissance de camion. Je ramène donc ma ligne très vite et sans le moindre effort. Au dessus, ce sont des Shimano Ultegra 5500 qui prennent le relais. Pour tout vous avouer, j'avais avant des moulinets de 3500, mais je n'en ai plus aucun ! Alors, en quoi ces gros moulinets vont-ils influencer les anneaux ? C'est simple et c'est une affaire de frottements. La bobine du moulin vise un point sur la canne souvent situé entre 1.5 à 2 mètres d'elle. Le pied d'un plus gros moulinet étant plus long, la bobine se situe donc plus loin du blank de la canne. Si on trace un cône autour de l'axe du moulinet, jusqu'au point visé sur le blank, il est important que le centre des premiers anneaux soit le plus proche possible de cet axe, et ce afin de limiter les angles formés par la ligne avec le bord de l'anneau et, donc de limiter les frottements et les vibrations. Le gain n'est pas que de performance, mais aussi de confort.
La disposition ci-dessus respecte mieux le flux de sortie de la ligne, éloigne le premier anneau du moulinet et opère une diminution du diamètre des anneaux en 4, voire 5 anneaux, pour rapidement atteindre le diamètre final
Pick-up en position basse, l'angle formé par la ligne et le premier anneau est non significatif (canne montrée sans le scion)
Les marques vont se retrouver devant le problème suivant : la force de l'habitude aidant, les pêcheurs continuent à utiliser de tout et n'importe quoi en matière de moulinet. Nombreuses sont les marques qui choisiront donc de mettre des anneaux ni trop grands, ni trop hauts, en fait souvent ceux qu'on a en stock pour diminuer les frais, mais rarement ceux qu'il faut vraiment sur une canne donnée, l'économie prenant le pas sur la pêche. C'est ce que j'appelle un "montage moyen". Il va à tout, mais ne convient à rien complètement. C'est du prêt-à-lancer et non du sur-mesure.

La torsion

Un blank est censé plier lors du lancer, mais sans se tordre. Lors du montage, on passe d'ailleurs pas mal de temps à centrer ledit blank et trouver son "sens". Les raisons sont multiples : bien montée, la canne sera plus précise (qualité nécessaire pour toutes les techniques de pêche à distance) et, en ne pliant que sur un seul axe, la canne utilisera toute sa puissance pour aller loin. En d'autres termes, toute torsion équivaut à une perte de puissance et de précision. Le surfcasting, qui est LA disciple reine en matière de distances atteintes (records de lancer proches des 300m), endigue le problème de 2 manières :
  1. Des anneaux plus nombreux : avec les céramiques actuelles, imaginer que 2 ou 3 anneaux de plus vont créer une affreuse friction est une erreur, d"autant plus que la ligne formera des angles moins importants entre les anneaux s'ils sont plus nombreux, diminuant de ce fait la friction et permettant une bien meilleure répartition de la puissance
  2. Des anneaux plus bas et très proches du blank dans sa partie qui va plier : en effet, utiliser des anneaux hauts va créer un bras de levier important, facilitant la torsion de la canne (typique des montages à 5 ou 6 anneaux des cannes à carpes... la torsion peut dépasser 90 degrés au vu des photos). Avec une ligne proche du blank, ce bras de levier est tellement diminué que la torsion est quasi inexistante
La torsion est visible sur cette photo et dépasse les 90° ! La solution serait d'augmenter le nombres d'anneaux et, surtout, d'en diminuer la hauteur
J'applique exactement cela sur mes cannes : les premiers et plus gros anneaux suivent l'alignement de sortie de la ligne du moulinet et, rapidement, le reste des anneaux (les plus petits) est le plus proche possible du corps de la canne. La première partie limite la friction et le foisonnement de la ligne, alors que la seconde partie empêche la torsion du blank. Il en résulte des cannes très confortables à pêcher, vu qu'elles ne vibrent ni au lancer, ni lors de la récupération et qu'elles atteignent plus facilement la distance désirée.

Disposition

Comme je l'ai déjà dit plus haut, je pense que la disposition des anneaux ne repose souvent que sur des habitudes. Je vois très régulièrement le premier anneau ligaturé assez bas, fort (trop) proche du moulinet. Ce placement peut se comprendre sur des actions paraboliques, mais pas sur les actions actuelles de pointe progressive. Pourtant, les blanks ont encore énormément évolué, mais il semble que la répartition des anneaux sur le scion restent sur un héritage des 30 dernières années. Avec un talon rigide et des moulinets bien choisis, on peut (doit) placer ce gros anneau bien plus haut, un peu comme ce qui se fait sur les cannes à carpe. Le but est qu'il ne forme pas ou peu d'angle avec la ligne qui sort du moulinet (comme expliqué dans un paragraphe précédent).
La disposition "classique" des anneaux crée un très gros point de friction juste après le moulinet
Un autre grand classique est la dégressivité de la taille des anneaux par escalier (25mm, 2 x 20mm, 2 x 16mm, etc), qui ajoute encore des points de friction sur le passage de la ligne
Anneau de départ trop petit et trop proche. Le nylon qui sort du moulinet forme déjà un angle, malgré le pick-up en position haute
Pick-up en position basse, l'angle formé par la ligne avec le premier anneau est énorme !
En écrivant ces lignes, je me rends compte avec plus d'acuité de l'évolution respective des cannes à carpes et au feeder. Alors que la canne à carpe se rigidifiait et abandonnait peu à peu son ancienne action parabolique, son talon perdait 1 de ses 2 anneaux, ne conservant que le plus gros qui en profitait pour s'éloigner du porte-moulinet et se rapprocher de l'emboîtement du talon. La nouvelle rigidité dudit talon et l'utilisation presque généralisée de moulinets "big pit" étaient les causes de ce phénomène et lancer plus loin en était le but ultime. Et atteindre de longues distances avec des nylons loin des standards actuels de glisse et de souplesse, ainsi que des anneaux encore perfectibles, le nombre de ces derniers a naturellement été limité à 5 ou 6, les plus larges possibles, afin de diminuer les frictions. 30 ans plus tard, rien n'a changé, malgré tous les progrès dans ces domaines. De leur côté, les cannes feeder ont suivi une évolution très différente : leur scion s'est considérablement amélioré, tant du point de vue de l'action que des anneaux utilisés, alors que la répartition des anneaux sur le talon est restée dans le passé, et ce malgré l'amélioration considérable de l'action dudit talon (+ rigide). En fait, je pense que la canne parfaite se situe quelque part entre le talon des cannes à carpe actuelles et les anneaux plus nombreux des scions des cannes feeder d'aujourd'hui, le tout avec une touche de canne surfcasting, comme une Century TT-R.

Au fait, à quoi sert un anneau ?

La question mérite d'être posée et la réponse est double :
  1. Un anneau sert à faire passer la ligne lors du lancer et de la récupération. Il peut être intérieur ou extérieur
  2. Il permet par sa multiplication de répartir la pression sur le blank, pression créée soit par l'action de lancer, soit par le travail d'un poisson
Normalement, au lancer, la pression ne devrait se faire que dans 1 sens, que dans 1 dimension : la ligne est sensée rester bien dans l'alignement du blank et le faire plier bien droit, exploitant de ce fait la totalité de sa puissance, sans déperdition parasite. Cependant, l'utilisation d'anneaux trop hauts et/ou trop peu nombreux va créer des contraintes supplémentaires sur le blank :
  1. Avec des anneaux trop hauts dans les zones de pli du blank, la moindre force latérale trouvera un bras de levier bien utile dans le pied des anneaux pour faire subir une torsion parfois impressionnante au blank, synonyme de dispersion d'un peu de puissance et de précision
  2. De même, avec des anneaux trop peu nombreux, la traction sur la ligne ne se transmettra pas que perpendiculairement au blank, mais s'appliquera aussi entre les anneaux, en les rapprochant les uns des autres, pinçant de ce fait le blank, qui pliera entre les anneaux. De nouveau, ceci disperse la puissance
Pour répartir parfaitement la pression, il faudrait des anneaux tous les 5 centimètres, mais, mécaniquement, c'est impossible et ce serait contre-productif : le montage serait bien trop lourd et les pieds d'anneau, ainsi que les ligatures rigidifieraient artificiellement le blank. La perte d'action serait rédhibitoire, or une canne qui lance bien est une canne légère et qui plie ! Le travail du monteur/ingénieur est donc de faire un choix garantissant l'équilibre entre l'action et le nombre d'anneaux : trop ou trop peu et c'est la perte de performances ! Pour ma part, je pars du principe qu'une ligne qui forme des angles trop importants entre les anneaux doit être mieux supportée. Je commence donc par mettre trop peu d'anneaux, puis j'augmente leur nombre jusqu'à trouver le bon compromis. C'est empirique, mais ça fonctionne ! L'évolution est en marche. De ce que je vois et j'entends, de plus en plus de cannes assez bien montées sont disponibles sur le marché, surtout dans les marques haut de gamme anglaises et hollandaises. Je pense cependant que ce sont souvent les pêcheurs et non les développeurs qui sont les plus conservateurs et je ne compte plus les réflexions, entre autres à propos des anneaux anti-emmêlements, "trop différents de ceux qu'on a toujours eus", etc, etc. Mais cela change !

Revenons à nos moutons : la répartition des anneaux sur une canne feeder !

Quand je fais une répartition d'anneaux, quelle que soit la canne, je pense toujours à respecter quelques principes :
  1. Créer un bon cône sur les plus gros anneaux et l'adapter au moulinet utilisé = moins de friction
  2. Favoriser les anneaux courts sur la partie du blank qui plie et sur le scion = moins de torsion et moins de poids
  3. Rester léger : anneaux (autant que nécessaire, aussi peu que possible) et ligatures (minimales en taille et maximales en solidité) = plus de puissance et recovery plus rapide
  4. Garantir que la ligne forme des angles les plus obtus (plats) possible entre les anneaux, afin de diminuer les frottements = moins de friction
Dans le fond, mon expérience de la compétition me ramène toujours vers la simplicité et l'efficacité. La canne au feeder est d'abord un outil qui doit être fiable, facilement réparable et, extrêmement efficace. Le "light is right" est de mise ici.
Une de mes cannes : la ligne d'anneaux est adaptée au moulinet et on arrive très rapidement sur des anneaux de 6mm. Mon montage est minimaliste pour éviter le surpoids
Une canne est un ensemble cohérent qui commence par la poignée. Cette dernière est le poste de pilotage du pêcheur. Une mauvaise position et c'est toute l'efficacité qui en pâtit. Sur les cannes courtes, je privilégie la maniabilité pour les pêches rapides, alors que sur les cannes longues distances, je préfère potentialiser le bras de levier. La longueur de la poignée mesurée du centre du pied du moulinet au cul de la canne commencera donc à environ 44-45cm et sera limitée par la longueur des bras du pêcheur. Dans mon cas, mes poignées les plus longues font 54-55cm. Plus longue, elle ne m'aidera pas à aller plus loin, mais trainera au mieux dans mes habits, mon estomac ou les muscles saillants de mon buste (j'ai le corps de Bouddha jeune). La position du moulinet est un choix personnel qui est naturellement très différent d'un pêcheur à l'autre. Nous ne sommes pas toutes et tous faits de la même manière, mais elle est le point de départ de la canne. A partir de la position du moulinet, le reste va aller de soi. J'ai une seconde étape un peu bizarre, mais j'ai toujours fait comme ça : scion en place, tenant la canne au niveau du futur moulinet, je la fais onduler afin de trouver le "milieu de l'action", le point autour duquel la canne oscille, plus techniquement appelé le "point nodal" (Merci Goulven !). Je vais placer 1 anneau à cet endroit précis. Ensuite, je disposerai les anneaux vers le scion et ceux vers le talon. Cette technique m'a toujours bien servi et fonctionne à merveille. L'étape suivante est super classique et consiste à placer des anneaux selon votre feeling : plus rapprochés là où le blank plie et plus espacés sur la partie rigide. Mettez la canne sous pression et ajustez la position voire le nombre des anneaux pour que la ligne ne présente que peu d'angle avec les anneaux. Sur le talon et son prolongement, c'est aussi le cône qui va vous imposer un choix de position. Ne l'oubliez pas.

Choix des anneaux

Je ne monte pratiquement plus mes cannes qu'avec des Fuji KL, KB et KT Alconite, largement suffisants : ils sont bien assez légers, ils bénéficient d'une excellente rigidité grâce à la forme de leur armature en inox, sont parfaitement finis et super solides. Et, oui, vous avez bien lu, je n'utilise quasiment que des monopattes ! La qualité Fuji permet cela et, cerise sur le gâteau, le prix des Alconite est plus qu'accessible. Ce sont les anneaux montés sur les Guru Aventus et Daiwa Tournament SLR pour ne citer qu'elles. De bas en haut, voici mes choix pour habiller la canne :
  • En Fuji KL, qui sont les gros anneaux de départ qui forment le cône avec le moulinet, j'utilise au maximum du 20, 25 ou 30mm selon la canne et le moulinet. Allez, je vous le confesse, il m'arrive de monter des KW bipattes, mais c'est plus que rare et seulement sur des cannes au talon très dur, très rigide. Pour les cannes les plus fines, mon choix se porte sur les KL-H , M et L, plus hauts pour un diamètre inférieur
  • Je continue la canne avec des KL et des KB généralement en 8, 7 ou 6mm et ne mets pas du KT sur le blank, vu que ces derniers ont de bien plus petits pieds. Je leur préfère les KB, conçus pour mieux résister à la pression avec leur pied élargi ! Oui, je suis très prudent, car les KT sont le plus souvent assez stables
  • Quant aux scions, ils sont garnis de KT en 5, 5.5 et 6mm (voire 7mm, mais c'est rare), jamais moins pour faciliter le passage du nœud d'arraché.
Ne perdons pas non plus de vue qu'un petit anneau est léger, ce qui est bon pour le lancer. Idem pour la ligature : rien ne sert de la faire longue et décorative, 1mm en plus de la longueur du pied de l'anneau est suffisant et évitera les excès d'époxy. Le plus important est de gagner du poids sur la partie souple de la canne. Si vous avez des moyens dignes des Émirats Arabes, vous pouvez passer au titane, mais c'est superfétatoire sur une canne feeder (mais que ne ferait-on pas pour le plaisir ?). Enfin, l'utilisation de la tresse dans des diamètres compris entre 8 et 12/100 ou des nylon de 18 à 25/100 en direct ne nécessite plus d'utiliser des anneaux très larges.

Conclusion 1 et la suite

J'ai avancé ma théorie et mes pions dans ce premier article. Hormis quelques exceptions, les cannes sont montées pour convenir à tout, sans jamais exceller dans un domaine. C'est assez dommage, car nombreux sont les blanks qui se retrouvent sous-employés du fait d'un montage très moyen. Pour moi, les 3 points fondamentaux à améliorer sont le choix des anneaux, afin de limiter les frictions et les torsions, le nombre et la disposition des anneaux, pour mieux répartir l'énergie et éviter sa perte, et, enfin, le poids du matériel monté en particulier sur la partie la plus souple de la canne, le tout sans faire un hold-up à la banque. Il est évident que ces changements subtiles s'adressent essentiellement aux passionnés, aux spécialistes et aux compétiteurs à la recherche de matériel vraiment performant. Le débutant ou le pêcheur lambda n'apprécieront pas tous les aspects d'une canne ainsi modifiée. De même, dans des conditions très communes, des pêches à courte distance ou une pêche de carpeaux en étang, conditions qui ne nécessitent pas d'effort particulier, une canne du commerce à 65-70€ fera parfaitement l'affaire. C'est ça aussi la beauté du feeder, ce plaisir qu'on peut prendre sans casser sa tirelire, en toute simplicité. Et la suite dans tout ça ? Vous allez devoir faire preuve d'un rien de patience. Le prochain article sur le montage proprement dit et l'étude du cas arrivera très vite. Ce triptyque sera clôturé par le test des 2 cannes et les conclusions finales ! Un article par an, comme les films du Seigneur des Anneaux... c'est pour rire, vous aurez tout lu avant les fêtes de fin d'année ! "

Nous sommes maintenant au stade de l'assemblage de la canne ""test"". Je vais expliquer tout en détail et passer de la théorie à la pratique. Les cannes pour ce projet sont les excellentes Balzer Zammataro Masterpiece Nano 3.85m 80gr (light-medium). Ce sont des cannes à brème à action rapide mais douce avec une grande capacité de lancer. Comme j'en ai 2 et qu'elles sont neuves, elles constituent la plateforme idéale pour cet article. Je les utilise avec des moulinets mini big pits MS Range Prime 4500 NG, de la même taille que des Daiwa Castizm ou des Shimano Ultegra 5500.

De quoi part-on ?

La canne d'origine comporte 6 anneaux sur des scions de 65 cm. Les 8 autres anneaux sont bipattes et répartis sur les 2 brins intermédiaires. Leur diamètre varie de 25 à 6mm et leur profil est relativement bas. Leur sélection et leur disposition sont conventionnelles mais efficaces face à la concurrence. Il convient de mentionner que les anneaux sont anti-emmêlement et que leurs ligatures sont nettes et bien exécutées.

Malgré cela, les défauts habituels sont toujours présents, avec un cône qui n'est pas respecté, des anneaux relativement gros et lourds sur le porte-scion, ainsi qu'un premier anneau proche du moulinet. Les anneaux sont censés être en titane, mais leur poids (et le prix de la canne) indique que l'armature est en acier inoxydable.

Cône non respecté
On voit très bien l'angle formé par la ligne sur le premier anneau

La position du porte-moulinet n'est pas trop haute (pied du moulinet à 51.5cm), ce qui est un excellent point (entre autres pour moi qui ne suis pas un géant), et il provient de la gamme Fuji, gage de qualité et de fiabilité. Les poignées sont en EVA de qualité. Rien ne changera donc de ce côté !

Vers quoi va-t-on ?

Les modifications sont importantes :

  1. Vérification et correction éventuelle d'un manque d'alignement du blank : une décision avait été prise lors du montage de la canne de faire passer l'axe du blank dans le sens inverse, le sens le plus souple étant dirigé vers l'arrière (lancer) et non vers l'avant (travail du poisson). L'inversion était parfaite et permettait aussi à la canne d'être un peu plus droite, mais j'ai choisi de la remettre dans le sens habituel. On peut donc dire que c'était un choix et pas un défaut. C'est un bon point pour Balzer.
  2. Trace du cône et répartition des premiers anneaux : cela aide vraiment à prendre des décisions plus rapides et plus efficaces quant à la taille et à la position des premiers anneaux : dans ce cas, KLAG 30, 16 et KTAG 8
  3. Réorganiser les anneaux selon le Concept KR de Fuji pour maximiser l'efficacité + Vérifier la qualité de la reconfiguration en effectuant un test sous pression : 3 anneaux KBAG de 6mm suivis de 3 anneaux KTAG de 6mm en direction du scion.
  4. Remonter tout.

Voici 2 photos de comparaison entre le montage d'origine (en haut) et le nouveau montage (en bas) :

Montage d'origine
Montage final

Les anneaux d'origine ont un poids de 17,40 grammes, tandis que les nouveaux anneaux FUJI K pèsent 10,85 grammes.

Le poids des bouts peut être utilisé pour estimer le poids des ligatures et le gain supplémentaire obtenu avec les anneaux monopattes. Les bouts montés d'origine pèsent 91,10 grammes, les bouts nus 69,45 grammes et les bouts remontés avec les anneaux FUJI 82,80 grammes. On peut conclure que les ligatures et l'époxy du montage d'origine pesaient 4,25 grammes et que l'utilisation des anneaux monopattes a permis de gagner 1,75 grammes supplémentaires. Le gain total est donc de 8,30 grammes répartis sur les deux bouts.

L'opération a amélioré le point d'équilibre de la canne, qui est maintenant à 57cm du butt de la canne, contre 59,5cm auparavant. Avec un moulinet pesant un peu plus de 520 grammes et un pied situé à 51,5cm, cette différence se fait clairement sentir, ce qui entraîne un confort accru.

Le coût de l'opération

Cette opération a un coût. Les anneaux FUJI sont plus chers, mais leur haute qualité de fabrication et leur durabilité justifient pleinement la différence de prix. Le site de Rodhouse est utilisé comme référence.

Cette opération a un coût. Les anneaux FUJI sont plus chers, mais leur haute qualité de fabrication et leur durabilité justifient pleinement la différence de prix. Le site de Rodhouse est utilisé comme référence.

Le coût de l'opération ne comprend pas la ligature, l'époxy, le matériel nécessaire pour le montage ni la main-d'œuvre. Cependant, c'est un investissement rentable. Mon choix des anneaux FUJI K Alconite est judicieux car ils sont :

  • Aussi solides et durables que les anneaux Fuji Sic (le vrai, pas les contrefaçons)
  • Offrant un diamètre interne de céramique plus grand que les Sic
  • Moitié moins chers que les anneaux Sic
  • Avec des finitions CC (argent) et BC (gunsmoke) impeccables et un cadre en inox fini parfaitement

Quant aux anneaux Torzite, ce serait un choix simpliste car ils sont sans doute les meilleurs du marché, mais cela se traduit par un coût plus élevé (par exemple, le prix des anneaux sur le site Rodhouse serait de 98.30€, frais de livraison non compris, pour un gain de poids d'environ 4.50g par rapport à l'Alconite). En fin de compte, pour la canne feeder, qui est un outil, il est plus judicieux d'utiliser de l'Alconite (comme sur les Guru Aventus, les Daiwa Tournament SLR, etc.), en raison de son excellent rapport qualité-prix et de ses gains fonctionnels remarquables.

Matériel utilisé

  • Fuji BCKLAG : 1x30mm et 1x16mm

  • Fuji BCKTAG : 1x8mm et 3x6mm

  • Fuji BCKBAG : 3x6mm

  • Ligatures FUJI Metallic Red et Silver en taille D

  • Epoxy GEN4 Low Build

  • L'accroche-leurre est un petit anneau ""mouche"" en inox

Résultats finaux

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C'est parti pour les tests !

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4 commentaires

BRIERE JEAN-MARC

BRIERE JEAN-MARC

je plussoie totalement à tout ceci, je suis en plein montage de deux cannes feeder venant de chez rodhouse, le point nodal est en effet super important c’est en fait le point crucial avec la position du porte moulinet, bon montage à tous, et vive le rod-building

ANTOINE LUC

ANTOINE LUC

Nom de dieu Jean-Noël…J’aurais dû prendre un Dafalgan avant de lire ton article 🙂
C’est hyper intéressant, très bien écrit pour pêcheur averti, j’avoue que j’ai parfois dû relire 2 fois pour comprendre et je suis persuadé que je ne suis pas le seul…
Mais comme tu le dit en fin d’article, sur courte distance comme l’Ourthe et Amblève, est-ce qu’une canne à 70/80 € n’est pas assez adaptée et ne m’offre pas les même sensations qu’une canne sur mesure ?
Moi j’aimerais bien posséder une canne unique et sur mesure pour ce que je pêche, mais j’ai peur d’être déçu..
PS :.J’ai toujours les MS Range 4000 que tu m’avais conseillé et je les préfères de loin aux shimano 6000…
Merci pour tes articles et à bientôt j’espère !

BRIERE JEAN-MARC

BRIERE JEAN-MARC

je plussoie totalement à tout ceci, je suis en plein montage de deux cannes feeder venant de chez rodhouse, le point nodal est en effet super important c’est en fait le point crucial avec la position du porte moulinet, bon montage à tous, et vive le rod-building

ANTOINE LUC

ANTOINE LUC

Nom de dieu Jean-Noël…J’aurais dû prendre un Dafalgan avant de lire ton article 🙂
C’est hyper intéressant, très bien écrit pour pêcheur averti, j’avoue que j’ai parfois dû relire 2 fois pour comprendre et je suis persuadé que je ne suis pas le seul…
Mais comme tu le dit en fin d’article, sur courte distance comme l’Ourthe et Amblève, est-ce qu’une canne à 70/80 € n’est pas assez adaptée et ne m’offre pas les même sensations qu’une canne sur mesure ?
Moi j’aimerais bien posséder une canne unique et sur mesure pour ce que je pêche, mais j’ai peur d’être déçu..
PS :.J’ai toujours les MS Range 4000 que tu m’avais conseillé et je les préfères de loin aux shimano 6000…
Merci pour tes articles et à bientôt j’espère !

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