La longueur de canne, son influence, son choix.
Nous l’avons déjà évoqué à de nombreuses reprises, le choix d’une canne ou d’un blank repose prioritairement sur trois critères que sont l’action, la puissance et la longueur. Pour cette dernière si la plupart des pêcheurs ont conscience d’un ou deux paramètres conditionnant ce choix, bien d’autres sont ignorés ou insuffisamment pris en compte.
Quelles que soient les approches et les techniques de pêche, les longueurs de cannes employées ont varié au gré des modes, des évolutions technologiques, mais aussi des habitudes des pêcheurs et de l’évolution de l’offre. Au même titre que la puissance et l’action, ce critère doit être considéré de manière distincte et précise, car son influence rayonne sur une grande pluralité d’actions et de gestes techniques.

Les distances de lancer
Le premier paramètre à prendre en compte dans le choix de la longueur d’un blank est la nécessité de lancer loin. Cela est évidemment vrai si l’on pêche du bord, sur des zones étendues et, a fortiori, si le relief présente une faible déclivité. Mais cela peut aussi être vrai en bateau, lorsqu’on souhaite aborder les postes de loin par besoin de discrétion, ou encore par sécurité s’il s’agit de roches soumises à la houle, voire pour respecter la réglementation lorsque l’on ne peut pas s’approcher à moins d’une distance minimale d’une structure intéressante.
Un blank long, associé à une action relativement progressive et rapide, travaillera comme une catapulte et vous permettra d’atteindre des distances de lancer très élevées. C’est dans cette optique que les blanks « carpe » de 13 pieds ou les modèles de surfcasting ont été développés.
Enfin, la propulsion de poids élevés ou de gros leurres, parfois peu aérodynamiques, sera facilitée avec une longueur de canne suffisante. L’optimisation de cette phase passe également par la conception d’une poignée longue afin d’obtenir un couple de force efficace au lancer et un bon transfert d’énergie.

La gestion de la bannière
Dans le même esprit, la longueur de canne influe directement sur la gestion de votre bannière lors des animations. Elle permet notamment de sortir un maximum de tresse ou de fil de l’eau et ainsi de gagner en discrétion pour les animations canne haute, par exemple aux leurres de surface, ou tout simplement pour que la ligne passe au-dessus des vagues ou de la houle et subisse un minimum de contraintes.
Les caractéristiques des animations
Pour poursuivre et clore le chapitre des animations, gardez à l’esprit qu’une présentation souhaitée sera toujours facilitée par un matériel adapté. Ainsi, lorsque vous voulez pratiquer des techniques nécessitant de l’amplitude, comme la pêche en traction, privilégiez des blanks longs. À l’inverse, les techniques reposant sur la précision des animations, la vivacité et la maniabilité — comme la pêche à gratter ou à la volée — seront optimisées et facilitées avec des blanks plus courts. Un blank court vous permettra de maîtriser plus facilement l’amplitude du déplacement du scion et, par conséquent, celle de votre leurre.
Pour la pêche verticale, où il n’est nul besoin de lancer, la justification d’un blank court tient en partie à ce registre, mais répond aussi au besoin de présenter son leurre dans le cône de la sonde pour être efficace. On constate ainsi que l’évolution des pratiques, mais aussi du matériel et des technologies, influencent de manière significative l’attention portée à ce paramètre du blank.

Le confort et les contraintes
Tous les paramètres étant intimement liés et importants dans le choix d’un blank, nous aurions pu aborder l’encombrement en premier lieu ; en effet, le milieu dans lequel vous pratiquez, mais aussi l’usage d’une embarcation et son type, sont déterminants et doivent guider la définition de votre cahier des charges.
À ce titre, l’exemple le plus parlant est le développement des cannes de 7 et 8 pieds pour la pêche aux leurres, il y a deux ou trois décennies. À cette époque, les cannes de 3 mètres constituaient la norme, simplement parce que la pêche du bord était la pratique la plus courante. La démocratisation des embarcations, notamment grâce à leur diversification, a engendré une réduction progressive de la longueur des cannes employées. Les distances de lancer devenaient moins essentielles au profit du confort, de la justesse des animations et des contraintes liées au mode de pêche. Les cannes se sont alors raccourcies entre 2 m et 2,40 m.
La longueur est ainsi devenue un critère de confort, en plaçant la maniabilité au centre des besoins. Cela est d’autant plus vrai pour les embarcations où l’on pêche assis, comme les kayaks et les float-tubes, où un blank long devient réellement handicapant. Encore une fois, les dimensions de la poignée deviennent elles aussi importantes lors de la conception de la canne.
Si l’encombrement de la canne est un sujet, celui du milieu l’est encore plus ! Lorsqu’il faut pêcher et lancer dans un mouchoir de poche sous des branches — et plus encore du bord ou en wading —, une canne courte n’est pas seulement nécessaire : elle est indispensable ! Pour la truite en ruisseau, les modèles de 5 à 6 pieds sont la norme, et pour les pêcheurs à la mouche, les cannes de 7 pieds font référence dans ces milieux.

L’efficacité du ferrage
Pour ferrer efficacement, il faut évidemment choisir une puissance et une action de canne adaptées aux types d’hameçons utilisés. Par exemple, des hameçons simples forts de fer, et, de surcroît, protégés par une brosse, nécessiteront une canne raide et puissante pour piquer correctement, alors que des hameçons triples fins de fer pénètrent bien plus facilement les chairs.
Cependant, l’efficacité d’un ferrage dépend également de l’amplitude du geste, et cela est encore plus vrai lorsque la bannière est longue et que l’on utilise des matériaux pouvant avoir une certaine élasticité, comme le nylon. Ainsi, il n’est pas toujours pertinent de réduire constamment la longueur des cannes si, en retour, nous perdons beaucoup de poissons au milieu du combat.

La gestion du combat
Le combat avec un poisson et sa gestion ne deviennent un sujet que lorsqu’on recherche des poissons puissants, et a fortiori dans des milieux encombrés. On pense évidemment aux espèces exotiques et marines, mais on peut aussi citer l’aimara ou le peacock bass, qui aiment regagner leur tanière dès les premières secondes après la touche.
La force imprimée par le pêcheur et celle développée par sa prise ne sont pas ressenties et encaissées de la même manière par l’un et l’autre protagoniste, selon la longueur de canne employée. En effet, lors du combat, un couple de forces s’exerce de part et d’autre de la ligne par un effet de rotation, en tirant de part et d’autre d’un outil dont le centre de rotation est votre main qui tient la canne. Ce couple, dont la formule est « force × longueur », démontre toute l’importance de ce paramètre.
Si une canne longue permet, d’une certaine manière, de développer la force que vous exercez, elle décuple également celle que vous subissez. Et lorsqu’il s’agit de se confronter, par exemple, à un thon rouge pouvant atteindre 300 kg, il est indispensable d’en tenir compte si l’on veut l’amener au bateau… Ainsi, retenez qu’une canne longue donne l’avantage au poisson, alors qu’une canne courte privilégie le pêcheur !
Pour illustrer ce propos, vous avez sans doute observé que vous étiez plus à l’aise et plus puissant lorsque vous montez votre main vers le stripper pendant le combat, au lieu de la placer sur le porte-moulinet… C’est simplement de la physique appliquée !











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